Saint-Gobain cède l'activité de Verallia aux Etats-Unis

Le groupe Ardagh a fait une offre « exclusive et irrévocable ».
A 1,7 milliard de dollars, elle valorise la cible à 6,5 fois l'Ebitda.

Six ans après avoir déclaré, début 2007, l'intention de céder son pôle conditionnement, rebaptisé depuis Verallia, la Compagnie de Saint-Gobain passe à l'acte. Le groupe français a annoncé hier la conclusion, en toute fin de semaine dernière, d'un accord avec Ardagh portant sur les actifs américains de cette branche.

Le groupe irlandais, basé à Luxembourg, a fait une offre « ferme et irrévocable, et sans condition de financement, sur nos activités américaines de conditionnement pour une valeur d'entreprise de 1,694 milliard de dollars [soit 1,275 milliard d'euros, NDLR]  », a précisé hier Pierre-André de Chalendar, le directeur général de Saint-Gobain.

Le patron du leader mondial des métiers de l'habitat peut se féliciter d'avoir patienté. Cette opération, encore soumise aux avis du comité d'entreprise de Saint-Gobain et des autorités de la concurrence, valorise en effet 6,5 fois l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) 2012 de Verallia North America. « C'est un multiple largement supérieur à ceux observés dans les transactions faites ces dernières années dans ce secteur, entre 5,5 et 6 fois, et supérieur aux multiples que nous avions en tête, entre 5,8 et 6,4 fois, lorsque nous avons envisagé en 2011 la mise en Bourse », s'est félicité Pierre-André de Chalendar. Avec un chiffre d'affaires 2012 de 1,621 milliard de dollars, Verallia North America, constitué de 13 usines aux Etats-Unis avec 4.200 personnes, a dégagé un résultat d'exploitation de 171 millions, à un plus haut historique, a-t-il précisé.

Renforcer le bilan

Saint-Gobain avait finalement renoncé à introduire en Bourse son pôle conditionnement faute de n'avoir pu obtenir mieux qu'une valorisation dans le bas de la fourchette pour cette opération. Le groupe n'exclut pas toutefois une mise sur le marché de ce qui reste de Verallia, soit ses activités européennes et celles émergentes en Amérique latine. Cet ensemble pèse lourd, puisqu'il a réalisé un chiffre d'affaires supérieur à 2,5 milliards d'euros en 2011, pour un excédent brut d'exploitation de plus de 500 millions. « Nous venons de saisir une opportunité, nous ne sommes pas pressés pour la suite », a souligné le patron de Saint-Gobain.

Pour Saint-Gobain, le produit de la vente de Verallia North America, « permettra de renforcer le bilan du groupe et de poursuivre des acquisitions sur les axes stratégiques prioritaires que sont l'Asie et les pays émergents, et les marchés de l'efficacité énergétique », a commenté Pierre-André de Chalendar. L'opération, qui devrait être bouclée dans six à neuf mois, constitue une nouvelle étape de la stratégie annoncée en 2007 visant à concentrer la Compagnie de Saint-Gobain sur les métiers de l'habitat.

Pour Ardagh, cette acquisition s'inscrit dans la logique de celle, bouclée l'été dernier, de l'américain Anchor Glass. Elle permettra au groupe européen de constituer avec ce nouvel ensemble le numéro un du conditionnement en verre aux Etats-Unis, devant le groupe Owen-Illinois.